0. Office de tourisme de Salies-de-Béarn
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Bienvenue sur mes terres, je suis Jeanne d’Albret, vicomtesse de Béarn depuis 1555. En visite à Salies le 11 février 1568, je m’en vais vous faire découvrir sa riche et passionnante histoire.
Tout cela a commencé il y a fort longtemps. Attirés par les sources d’eau salée des alentours, des hommes viennent d’installer au pied des collines et construisent les premières maisons, les ostau. La petite cité du sel deviendra alors au Moyen-Âge le 5ème bourg du Béarn.
Ces salisiens appelés les beziis ou voisins bénéficient d’un privilège particulier : le droit de puiser l’eau salée de la fontaine du Bayaà pour en faire du sel de salaison. Transmis par les chefs de famille, ce privilège ancestral perdure encore de nos jours, dignement représenté par la Corporation des Part-Prenants.
Êtes-vous prêts à parcourir près de 600 ans d’histoire ?
En aban, allons ensemble vers la fontaine de sanglier qui se trouve derrière vous, au fond de la place sous les arcades de l’imposant immeuble pourvu de boutiques.
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1. La fontaine du sanglier
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Il est aussi une légende : lors d’une chasse sur ses terres, le vicomte Gaston Febus et sa troupe blessent un sanglier. Venu mourir aux abords de l’eau salée du Bayaà et couvert de cristaux de sel, ce sanglier aurait soufflé ses derniers mots : si you nou eri mourt, arès n’y biberé. Si je n’y étais pas mort, personne n’y vivrait. Les premières oustau auraient été bâties suite à cette découverte.
Mais avez-vous remarqué que la tête du sanglier était polie ? On lui prête bon nombre de qualités… allez-y, frottez-le et faites un vœu ! Mais je vous parle de la source d’eau salée… l’avez-vous vue ?
Retournez-vous et jetez un coup d’œil en direction de la place, il faut s’imaginer un bassin de 13 mètres de diamètre, pourvu de larges marches sur ses 7 côtés où va couler la source d’ayga salada, la source d’eau salée avec 300 g de sel par litre d’eau. 10 fois plus salée que l’eau de mer !
Poursuivons notre balade sous la halle de la mairie.
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2. La distribution des comptes de sauces
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Autrefois les halles du marché étaient installées sous la mairie. Tous les jours, on y retrouvait les bouchers qui vendaient leurs viandes et autre charcuterie de cochon. De nos jours, le marché se déroule tous les jeudis matin sous cette halle et dans les places de la ville où vous retrouvez les bons produits de notre contrée.
À côté de l’entrée de la mairie, se trouve un écran télé où vous pouvez suivre une courte animation vidéo qui vous expliquera tous les mystères du puisage de l’eau salée.
Engagez-vous désormais dans la petite rue de la mairie, à l’angle de la maison des Part-Prenants. Vous ne manquerez pas de découvrir le blason du Béarn, à deux vaches rouges sur un fond jaune, fièrement dressé sur le balcon.
Un autre emblème se révèle à vous : deux jeunes hommes portant un sameau. Figures symboliques de l’histoire de Salies, ces hommes ou tiradous portaient l’eau salée dans des seaux de 92 litres, les fameux sameaux. On célèbre chaque année cette distribution des comptes de sauce lors de la fête du sel en septembre.
Mais continuons notre périple, après avoir passé le petit passage couvert, tournez sur votre droite pour prendre le chemin de Larroumette un peu plus loin sur votre gauche.
Quelques pas suffisent pour découvrir enfin le Château Saint-Pé. En aban !
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3. Le Château Saint-Pé
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Nous voici à une centaine de mètres de la place du Bayaà et devant vous se dresse une immense demeure médiévale : le château Saint-Pé. Autrefois maison noble ou domenjadure, elle a été récemment restaurée révélant ainsi toute la noblesse de ce bâtiment classé Monument Historique. Servant également à la défense de la ville au Moyen-Âge, ce château s’appuyait sur les remparts au pied de la colline appelée le pain de sucre.
Cette ostau a connu une bien triste histoire, me semble-t-il. Mon très cher fils, Henri IV roi de France se convertit au catholicisme après la Saint-Barthélemy. Sur mes terres de la vicomté de Béarn, Henri va ordonner à Pierre de Lancre de purger le pays de tous les sorciers et sorcières. Pierre de Lancre habitera ici en 1609 et fera enfermer des femmes accusées d’être des Broutches, des sorcières.
Il n’y paraît pas mais je peux vous assurer que les croyances sont encore très fortes ici en Béarn…
Revenons sur nos pas : à droite, prenez une petite ruelle, une carrerote, qui s’enfonce dans un corps d’immeuble. Profitez de jeter coup d’œil sur les maisons du XVIIème siècle sur votre gauche puis poursuivez votre route.
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4. La maison Bergeras
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Vous venez de traverser l’étroite ruelle appelée galère, ces petites ruelles étaient le lieu de débauches craints des tiradous, les fameux porteurs d’eau salée qui pouvaient se retrouver ralentis dans leurs courses à cause de leur seau bloqué entre les murs de la ruelle.
Vous vous retrouvez devant la maison Bergeras. Si vous êtes attentifs, vous verrez une gravure sur le mur de la maison mentionnant ceci : Michel Bergeras, Charpantier en 1640. Sieur Bergeras fut bien charpentier et de génération en génération, il développa la célèbre école de Salies, artisanat du bois et de menuiserie encore reconnue de nos jours. Mais je dois vous parler des cagots…
Michel Bergeras est un cagot, un crestiaa. Autant que je m’en souvienne, dans ma vicomté, les cagots étaient considérés comme des parias. Isolés du reste de la communauté, ils avaient interdiction de travailler la terre. Condamnés aux métiers du bois, ils furent d’excellents charpentiers sur des chantiers très importants comme le Château de Pau ou l’église de Monein. Vous retrouverez en Béarn encore des vestiges de ces croyances comme les petites portes latérales des églises de Salies, de Sauveterre, d’Escos ou bien de Navarrenx.
Reprenons notre balade en ressortant de l’impasse Argenton. En arrivant sur la rue Elisée Coustère, tournez à droite en direction du pont de la lune. Sur votre gauche, en hauteur : les balcons de la Belle époque animent encore les façades de ces anciennes maisons du XVIIIème siècle.
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5. Le Pont de La Lune
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Arrêtons-nous sur le pont de la lune. Sur votre droite, les maisons à deux étages trônent fièrement sur le cours du Saleys. Parfois, vous serez surpris par la découverte des pieux sortant de l’eau, au pied de la place Jeanne d’Albret. Il s’agit de vestiges d’un ancien accès à la rivière permettant de laver le linge ou tout autre ustensile du quotidien… Les teinturiers des ruelles voisines avaient également l’habitude de venir y jeter leurs déchets.
Sur votre gauche, se distingue l’ancienne digue qui servait à alimenter le moulin Trotte-chien, détruit en 1893 pour y installer une usine hydro électrique. Elle se trouve face à vous, encore dans son écrin de pierre de calcaire blanc et de briquette rouge. Cette centrale fabriquait toute l’électricité pour éclairer le vieux bourg mais surtout les grandes demeures et hôtels du nouveau quartier de la colonie étrangère !
Remarquez les maisons à colombage sur colonne de pierre qui résistent chaque année aux crues du Saleys. Voyez-vous la Maison Marrou, figure emblématique du Salies d’hier comme le Salies d’aujourd’hui ? Cette ancienne maison du Moyen-Âge est en cours de restauration et on aperçoit facilement le four à pain en équilibre sur la rivière.
Par-delà le pont de la Lune se trouve la place Jeanne d’Albret. Ma place !
Il s’agissait en réalité du Clauson, place bordée de maisons hautes de plusieurs étages, tantôt des maisons d’habitation, tantôt des hôtels, bars, cafés ou encore boutiques du XIXème siècle. Ces maisons possédaient toutes des avancées dont l’étage était supporté par des arcades. Ces maisons à embans servaient à protéger les boutiques du Moyen-Âge. C’était donc la première place la plus importante de Salies depuis sa fondation.
Elle garda cette importance jusqu’à la fin du XIXème siècle puisque c’est ici que s’arrêtaient les diligences, les hippomobiles d’où descendaient les voyageurs, les étrangers venus pour prendre des bains dans la future station thermale jusqu’à la création de la gare en 1884.
Mais il est temps de partir en direction du quartier thermal qui va se développer à l’extérieur de la ville sur votre gauche.
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6. L’église Saint-Vincent
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En remontant cette longue rue, anciennement route de Bayonne, vous verrez sur votre droite l’église fortifiée de Saint-Vincent.
Salies possède deux églises : Saint-Martin sur les hauteurs de la ville et Saint-Vincent en face de vous. Toutes deux dédiées à des saints patrons liés à la vigne et aux vignerons, elles connaîtront des destins particuliers. L’église de Saint-Vincent, datant de la fin du XVème siècle, jouxtait en fait l’ancien rempart de la ville et aujourd’hui encore, on aperçoit ici et là les meurtrières et autres systèmes défensifs.
Continuons notre balade en direction du jardin public, les anciennes boutiques sur votre droite répondent à un imposant immeuble aujourd’hui divisé en appartement : l’hôtel de la Paix.
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7. Le quartier thermal
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A Diu Biban ! Nous arrivons dans les beaux quartiers de Salies, là où s’installera la colonie étrangère, ses aristocrates et bourgeois français et de toute l’Europe.
Mais avant de continuer notre visite, il faut que vous sachiez un fait important : Salies est réputée d’être une ville sale avec des animaux dans les rues, les fumiers qui jonchent le sol et les places. Alors que la colonie étrangère arrive à Salies, la presse nationale et les guides des baigneurs révèlent au public l’insalubrité de cette petite cité béarnaise. Il apparaît obligatoire d’offrir une meilleure réputation en assainissant la ville avec une vague de travaux tels que la couverture du bassin d’eau salée dans le centre-ville, le tout-à-l’égout ou encore les travaux d’urbanisme en créant de grandes rues aérées. Le nouveau quartier thermal va naître en-dehors du vieux bourg, respectant les nouvelles modes architecturales haussmanniennes.
Avancez-vous au centre du jardin public, vers le kiosque à musique. Vous êtes dans un haut lieu de la colonie étrangère. Ce kiosque à musique bâti en 1887 offre à la clientèle de baigneurs des concerts tous les après-midis et sera le lieu privilégié de rencontres entre « curistes ».
Face à vous, avant la construction des thermes que vous pouvez encore fréquenter, se trouvait la première saline industrielle.
Depuis 1804, les lois sur le sel en France obligent tout site de production de sel à fabriquer 500 tonnes de sel par an. Pour continuer à fabriquer ce sel, les part-prenants de Salies vont construire à leur frais le premier site industriel de la cité. Fermée par une palissade de bois de près de 3 mètres de haut et surveillée de jour et nuit par des gardiens, la saline fabriquera tout le sel de Salies en un seul lieu unique.
En 1888, un incendie détruira entièrement l’usine qui sera reconstruite dans le quartier de la gare à quelque pas d’ici. À la place, sur les décombres de l’incendie, prendra naissance la station thermale dont vous voyez la dernière reconstruction de 1888. En écho à l’architecture de style oriental très à la mode à cette époque, vous retrouvez sur votre droite le Chalet, lieu très fréquenté par la gent masculine locale ou étrangère pour parler politique, affaires autour d’un verre d’absinthe ou en fumant un cigare.
Autour de vous trônent les fantômes d’anciens hôtels : hôtel de la Paix sur votre gauche où séjourneront Marcel Proust et sa mère pendant plusieurs années, sur votre droite, l’Hôtel du Parc accessible encore en traversant le boulevard Saint-Guily. C’est dans cet hôtel que descendront de grandes personnalités et membres de l’aristocratie internationale tout le long de l’année. Claude Monet viendra exposer ses toiles en mai 1886. N’hésitez pas à rentrer dans cet immense bâtiment où vous retrouverez tout le luxe d’un hôtel de la Belle époque.
En vous rapprochant du rond-point du sanglier, à la croisée des routes de Bayonne et de Puyoô se trouvait la voie ferrée et ses ponts détruits aujourd’hui. Cachées sur les hauteurs à votre droite, les ruines de l’hôtel de France et d’Angleterre attendent avec impatience sa prochaine restauration.
Notre balade va toucher à sa fin et j’espère qu’elle vous aura plus. Nous avons parcouru ensemble près de 600 ans d’histoire…
Je vous invite à profiter de Salies en visitant la Saline ou le musée du sel, déguster quelques bonnes charcuteries ou bons plats et, pourquoi pas, prendre un bon bain d’eau salée aux thermes pour être détendu ou encore vigoureux…
Et comme on dit chez nous Adishatz !